La rencontre.
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gaspode
Mini
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La rencontre.
Tandis que l'orage grondait dehors, j'étais confortablement attablé au fond d'une auberge des bas-fonds d'Ironforge réputée pour être le rendez vous des malfrats, nous buvions Epam et moi une de ces bières dont seuls les nains ont le secret.
Alors que d'une poigne de fer, le tavernier jetait à la porte de son établissement peu fréquentable un nain saoul comme une outre hurlant qu'on l'avait dépouillé de sa bourse et qu'il ne pouvait régler sa note; Je comptais, le sourire au lèvre, la somme que nous devions mon compagnon et moi-même régler pour nos consommations dans ce petit sac de peau retournée fraîchement acquis.
Epam était un de ces nains bourrus qui passent leur vie entre la mine et la chasse, vivant du produit de ses efforts. J'appréciai ce nabot dont l'adresse au mousquet était légendaire, pour sa franchise cause de pas mal de bastonnades, et de son aplomb à tout épreuve.
Je ne l'avais jamais questionné sur son passé, qu'il m'avait confié être tumultueux un soir de beuverie. Je n'en savais pas plus sur ce personnage avec qui je passais d'excellents moments de franches rigolades et lui non plus ne savait rien de moi ... c'était mieux ainsi.
Je scrutais furtivement de temps à autre un angle de la salle embrumée par le feu de bois qui crépitait au fond de la grande cheminée faite de pierres grossières.
La serveuse - une naine rondelette au visage dessiné et aux pommettes rougies par la chaleur ambiante - s'était assise sur les genoux de mon ami qui avait un franc succès avec les femelles de sa race.
La tablée que j'observais semblait s'apprêter à partir.
Profitant de l'intérêt naissant de Epam pour la donzelle je prétextai une soudaine fatigue afin de tirer ma révérence, ce qui me valu un gros taquet amical dans le dos qui me projeta contre la table accompagné d'un : "Ah les gnomes! Vous êtes nés avec la constitution d'un oisillon", et d’un éclat de rire vulgaire de la naine.
Je disparu au milieu de la foule bruyante et me dirigea vers la sortie.
Quelques minutes plus tard j'observais le groupe sortir, se saluer en se félicitant sans doute d'avoir conclu une bonne affaire.
Sous une pluie battante, perché sur le toit de la chaumière qui se dressait face a la taverne, j'attendis que chacun s'éloigne et me mis a suivre a distance cet humain grassouillet et gauche qui faisait l'objet de mon attention depuis le début de la soirée.
Ce soir, je n'étais pas la pour Epam et je sais qu'il l'avait compris.
L'homme était saoul et trébuchait dans les flaques qui jonchaient la rue d'un pas lourd et maladroit.
Il s'arrêtait tout les dix mètres pour reprendre son souffle s'appuyant contre les murs et rendait ce qu'il avait bu sur ses propres chausses.
C'était un bourgeois de Stormwind qui venait acheter les sombres services de quelques vautours prêt a tout pour une poignée de pièces.
Nous n'aimions pas cette race de vaniteux mais nous apprécions les cachets gracieux qu'ils distribuaient à qui voulait bien accomplir ce qu'ils étaient trop pleutre pour faire eux-mêmes.
J'avais déjà dévalisé un chargement de pierres conduit par des gobelins à Booty bay pour ce dégoûtant personnage et il m'avait grassement rémunéré; mais ce soir quelqu'un avait payé fort cher pour que ce lâche cesse de lui faire de l'ombre.
Nous arrivâmes à proximité de l'hôtel où il logeait pour les quelques jours qu'il passait dans nos contrées hostiles.
Toujours perché a bonne distance je le vis disparaître dans l'embrasure de la porte d'entrée.
J'attendis quelques instants guettant les fenêtres qui laisseraient filtrer de la lumière dans la noirceur de cette nuit ou le ciel semblait se déchaîner.
Une fois la chambre localisée je pénétrais dans l'hôtel avec la discrétion qui caractérise les hommes de l'ombre ne réveillant pas le tenancier qui ronflait comme les moteurs que fabriquent les ingénieurs, effondré sur son comptoir.
Je montais en quelques secondes les étages qui me séparaient de ma cible, a peine arrivé à l'étage un frisson me traversa l'échine, la porte était entrebâillée et la pièce semblait plongée dans l'obscurité.
Me glissant sans un bruit à proximité de l'entrée j'entendis des pas extrêmement légers foulés le sol, ce n'était pas lui c'est certain, je sortis mes lames et bondis dans la pièce à l'affût du moindre mouvement.
Plus un son, plus rien, l'homme gisant au sol et baignant dans son sang la gorge ouverte ... je me sentais seul dans cet endroit, comme mes victimes se le disent avant que je me jette dessus brutal et impitoyable tel un prédateur.
Soudain, dans mon dos, je sentis une forme se mouvoir a une vitesse hors du commun passant a travers la fenêtre d'un bon tel un courant d'air; J'en fis autant et me lança a sa poursuite mais je n'arrivais à regagner le retard que j'avais pris sur l'homme à la capuche qui me devançait, mon sang bouillonnait de plus en plus au fur et à mesure que je prenais conscience qu'il venait de me doubler et je n'avais plus d'autre but que d'éventrer le rapace qui m'avait souffler le contrat pour lequel j’avais été engagé.
Nous courûmes ainsi quelques minutes à une vitesse et avec une agilité peu commune sautant de toit en toit sur les pierres et les tuiles trempées par l'averse.
Ses quelques foulées d’avance lui permirent de disparaître derrière une cheminée, m'engouffrant dans la même trajectoire que lui je me sentis soudain aveuglé par un nuage de poussière opaque, et chuta du haut de la maisonnette dans une botte de foin imbibée d'eau de pluie.
Mes yeux me brûlaient et je mis quelques minutes avant de retrouver la vue.
Il m’avait échappé.
Sur le chemin du retour, rageant, je me jurais de retrouver l'individu afin de lui apprendre ce qu'il en coûte a celui qui se met en travers de ma route.
Tandis que je marchais en marmonnant un tas d'obscénités, je passa à proximité d'un taudis d'ou émanait des éclats de rire, je m'en approcha et regarda un instant à l'intérieur et je vis l'homme ...l'… la femme que j'avais poursuivi avec tant d'ardeur ôter sa capuche entourer d'une mère le sourire béat l'argent du gros entre les mains et de ses enfant qui sautillaient autour de la gnomette toute vêtue de noir, les couettes vertes comme les jardins du roi, dressées sur sa tête, le visage fin comme les poupée de faïence que les riches artisans de Stormwind fabriquent.
Je ne sais ce qui attira son attention car j'étais immobile et le souffle coupé mais elle me regarda un moment, la haine qui m’animait encore quelque instant plus tôt semblait s’être évanouie, et j'étais la, hébété, le regard perdu dans ses grands yeux bleus comme les flots qui viennent se fendre sur les rochers des côtes de Booty Bay.
J'étais ému qu'autant de douceur puisse émaner d'un seul être, moi ... ému ... ce mot dont la définition m'était encore inconnue quelques minutes auparavant.
Mais qui étais-je ? Comment pourrais je lui expliquer ? J’avais honte … honte de ce que j’étais, et me mis a fuir.
"Merci Pouceeeeeeeeeette!!!" cria un enfant tandis que je m’éloignais tête baissée dans l’obscurité.
Poucette, c'était donc le nom de cette apparition divine qui bouleversa ma vie pour le restant de mes jours.
Mini, Chasseur de prime.
Alors que d'une poigne de fer, le tavernier jetait à la porte de son établissement peu fréquentable un nain saoul comme une outre hurlant qu'on l'avait dépouillé de sa bourse et qu'il ne pouvait régler sa note; Je comptais, le sourire au lèvre, la somme que nous devions mon compagnon et moi-même régler pour nos consommations dans ce petit sac de peau retournée fraîchement acquis.
Epam était un de ces nains bourrus qui passent leur vie entre la mine et la chasse, vivant du produit de ses efforts. J'appréciai ce nabot dont l'adresse au mousquet était légendaire, pour sa franchise cause de pas mal de bastonnades, et de son aplomb à tout épreuve.
Je ne l'avais jamais questionné sur son passé, qu'il m'avait confié être tumultueux un soir de beuverie. Je n'en savais pas plus sur ce personnage avec qui je passais d'excellents moments de franches rigolades et lui non plus ne savait rien de moi ... c'était mieux ainsi.
Je scrutais furtivement de temps à autre un angle de la salle embrumée par le feu de bois qui crépitait au fond de la grande cheminée faite de pierres grossières.
La serveuse - une naine rondelette au visage dessiné et aux pommettes rougies par la chaleur ambiante - s'était assise sur les genoux de mon ami qui avait un franc succès avec les femelles de sa race.
La tablée que j'observais semblait s'apprêter à partir.
Profitant de l'intérêt naissant de Epam pour la donzelle je prétextai une soudaine fatigue afin de tirer ma révérence, ce qui me valu un gros taquet amical dans le dos qui me projeta contre la table accompagné d'un : "Ah les gnomes! Vous êtes nés avec la constitution d'un oisillon", et d’un éclat de rire vulgaire de la naine.
Je disparu au milieu de la foule bruyante et me dirigea vers la sortie.
Quelques minutes plus tard j'observais le groupe sortir, se saluer en se félicitant sans doute d'avoir conclu une bonne affaire.
Sous une pluie battante, perché sur le toit de la chaumière qui se dressait face a la taverne, j'attendis que chacun s'éloigne et me mis a suivre a distance cet humain grassouillet et gauche qui faisait l'objet de mon attention depuis le début de la soirée.
Ce soir, je n'étais pas la pour Epam et je sais qu'il l'avait compris.
L'homme était saoul et trébuchait dans les flaques qui jonchaient la rue d'un pas lourd et maladroit.
Il s'arrêtait tout les dix mètres pour reprendre son souffle s'appuyant contre les murs et rendait ce qu'il avait bu sur ses propres chausses.
C'était un bourgeois de Stormwind qui venait acheter les sombres services de quelques vautours prêt a tout pour une poignée de pièces.
Nous n'aimions pas cette race de vaniteux mais nous apprécions les cachets gracieux qu'ils distribuaient à qui voulait bien accomplir ce qu'ils étaient trop pleutre pour faire eux-mêmes.
J'avais déjà dévalisé un chargement de pierres conduit par des gobelins à Booty bay pour ce dégoûtant personnage et il m'avait grassement rémunéré; mais ce soir quelqu'un avait payé fort cher pour que ce lâche cesse de lui faire de l'ombre.
Nous arrivâmes à proximité de l'hôtel où il logeait pour les quelques jours qu'il passait dans nos contrées hostiles.
Toujours perché a bonne distance je le vis disparaître dans l'embrasure de la porte d'entrée.
J'attendis quelques instants guettant les fenêtres qui laisseraient filtrer de la lumière dans la noirceur de cette nuit ou le ciel semblait se déchaîner.
Une fois la chambre localisée je pénétrais dans l'hôtel avec la discrétion qui caractérise les hommes de l'ombre ne réveillant pas le tenancier qui ronflait comme les moteurs que fabriquent les ingénieurs, effondré sur son comptoir.
Je montais en quelques secondes les étages qui me séparaient de ma cible, a peine arrivé à l'étage un frisson me traversa l'échine, la porte était entrebâillée et la pièce semblait plongée dans l'obscurité.
Me glissant sans un bruit à proximité de l'entrée j'entendis des pas extrêmement légers foulés le sol, ce n'était pas lui c'est certain, je sortis mes lames et bondis dans la pièce à l'affût du moindre mouvement.
Plus un son, plus rien, l'homme gisant au sol et baignant dans son sang la gorge ouverte ... je me sentais seul dans cet endroit, comme mes victimes se le disent avant que je me jette dessus brutal et impitoyable tel un prédateur.
Soudain, dans mon dos, je sentis une forme se mouvoir a une vitesse hors du commun passant a travers la fenêtre d'un bon tel un courant d'air; J'en fis autant et me lança a sa poursuite mais je n'arrivais à regagner le retard que j'avais pris sur l'homme à la capuche qui me devançait, mon sang bouillonnait de plus en plus au fur et à mesure que je prenais conscience qu'il venait de me doubler et je n'avais plus d'autre but que d'éventrer le rapace qui m'avait souffler le contrat pour lequel j’avais été engagé.
Nous courûmes ainsi quelques minutes à une vitesse et avec une agilité peu commune sautant de toit en toit sur les pierres et les tuiles trempées par l'averse.
Ses quelques foulées d’avance lui permirent de disparaître derrière une cheminée, m'engouffrant dans la même trajectoire que lui je me sentis soudain aveuglé par un nuage de poussière opaque, et chuta du haut de la maisonnette dans une botte de foin imbibée d'eau de pluie.
Mes yeux me brûlaient et je mis quelques minutes avant de retrouver la vue.
Il m’avait échappé.
Sur le chemin du retour, rageant, je me jurais de retrouver l'individu afin de lui apprendre ce qu'il en coûte a celui qui se met en travers de ma route.
Tandis que je marchais en marmonnant un tas d'obscénités, je passa à proximité d'un taudis d'ou émanait des éclats de rire, je m'en approcha et regarda un instant à l'intérieur et je vis l'homme ...l'… la femme que j'avais poursuivi avec tant d'ardeur ôter sa capuche entourer d'une mère le sourire béat l'argent du gros entre les mains et de ses enfant qui sautillaient autour de la gnomette toute vêtue de noir, les couettes vertes comme les jardins du roi, dressées sur sa tête, le visage fin comme les poupée de faïence que les riches artisans de Stormwind fabriquent.
Je ne sais ce qui attira son attention car j'étais immobile et le souffle coupé mais elle me regarda un moment, la haine qui m’animait encore quelque instant plus tôt semblait s’être évanouie, et j'étais la, hébété, le regard perdu dans ses grands yeux bleus comme les flots qui viennent se fendre sur les rochers des côtes de Booty Bay.
J'étais ému qu'autant de douceur puisse émaner d'un seul être, moi ... ému ... ce mot dont la définition m'était encore inconnue quelques minutes auparavant.
Mais qui étais-je ? Comment pourrais je lui expliquer ? J’avais honte … honte de ce que j’étais, et me mis a fuir.
"Merci Pouceeeeeeeeeette!!!" cria un enfant tandis que je m’éloignais tête baissée dans l’obscurité.
Poucette, c'était donc le nom de cette apparition divine qui bouleversa ma vie pour le restant de mes jours.
Mini, Chasseur de prime.
Dernière édition par le Sam 30 Juil - 19:40, édité 1 fois
Mini- Sergent-Chef
- Nombre de messages : 51
Date d'inscription : 17/07/2005
Re: La rencontre.
Je précise que ce texte est sans prétention et que j'ai presque honte de le poster à côté de ceux de maître Gasp
Dernière édition par le Sam 30 Juil - 19:39, édité 1 fois
Mini- Sergent-Chef
- Nombre de messages : 51
Date d'inscription : 17/07/2005
Re: La rencontre.
il est où le smiley qui pleure?
Quelle histoire! Quel suspense! Quel dénouement!
Ma parole Mini, je te remercie pour l'honneur que tu me fais mais là, ce n'est plus du tout du même ordre!
Ce récit est intriguant, palpitant, excitant, émouvant et tout simplement enivrant! Quelle joie que de découvrir l'histoire et les origines de ces gnomes des plus mystérieux et semi-invisibles qui soient. Un vrai régal littéraire et émotionnel.
Merci pour l'histoire.
gaspode- Connétable
- Nombre de messages : 1081
Date d'inscription : 26/03/2005
Feuille de personnage
Race:
Classe:
Niveau:
(70/70)
Re: La rencontre.
eheh !! j aime bcp
bravo a toi
bravo a toi
Dorsey- Chevalier-capitaine
- Nombre de messages : 157
Date d'inscription : 23/07/2005
Re: La rencontre.
Michi a vous
A vrai dire Gaspy, c'est en te lisant que j'ai eu envie d'écrire quelque chose.
A vrai dire Gaspy, c'est en te lisant que j'ai eu envie d'écrire quelque chose.
Mini- Sergent-Chef
- Nombre de messages : 51
Date d'inscription : 17/07/2005
Re: La rencontre.
Waou je suis impressionné c tres bien ecrit mini, mais de tte facon tous les recits que g lu m'ont fait kiffé et je m'incline devant tant de talents
minako- Grand Maréchal
- Nombre de messages : 545
Age : 40
Localisation : Paris
Date d'inscription : 14/04/2005
Feuille de personnage
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(70/70)
Re: La rencontre.
GG se coup si j'ai tous lu
fanstastique , un tel dénouement ..... GG !
fanstastique , un tel dénouement ..... GG !
exarkun- Grand Maréchal
- Nombre de messages : 508
Localisation : chalon sur saône ( 71 ) Bourgogne
Date d'inscription : 21/03/2005
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